Le Vent se lève : un Miyazaki adulte et émouvant

Cinq ans après Ponyo sur la falaise, Hayao Miyazaki revient dans les salles françaises avec ce qu’il a annoncé comme devant être son dernier long-métrage en tant que réalisateur. Résultat : un film adulte, qui restera comme l’une de ses œuvres la plus personnelle.

En cinquante ans de carrière, on peut dire que la filmographie de Hayao Miyazaki aura été très diverse : fables écologiques avec Nausicaa et Princesse Mononoke, plongée dans le folklore japonais avec le Voyage de Chihiro, adaptation d’un roman occidental avec le Château Ambulant, ou films pour enfant avec Totoro et Ponyo sur la Falaise…

Et Le Vent se lève ne déroge pas à la règle.

Dans ce que Miyazaki a présenté comme devant être son dernier long métrage, le célèbre réalisateur nous présente sa vision de la vie de Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais ayant conçu le célèbre Chasseur Zéro, qui servit notamment à l’armée japonaise durant la Seconde Guerre Mondiale pour ses attaques Kamikazes.

On le découvrira ainsi tour à tour jeune garçon passionné d’avion attristé de ne pouvoir piloter à cause de sa myopie, puis ingénieur de talent s’imposant peu à peu dans son entreprise de conception aéronautique.

Il sera également amené à découvrir la complexité du monde qui l’entoure durant une période historique difficile, et à rencontrer l’amour en la personne de Naoko Satomi, une jeune japonaise malheureusement atteinte de tuberculose.

Avec le Vent se lève, Miyazaki nous livre son film sans doute le plus déstabilisant de sa filmographie.

Par son personnage principal, d’abord, dont le caractère un peu lunaire tranche avec les héros valeureux et volontaires de ses autres films. Par son thème, également, plus sombre et réaliste, aux antipodes des univers fantastiques d’un Ponyo ou d’un Princesse Mononoke.

Pour autant, ne vous attendez pas non plus à une simple biographie de Jiro Horikoshi ! Miyazaki décide en effet de mélanger réalité historique, pour son parcours en tant qu’ingénieur, et invention pure pour ce qui est de sa personnalité ou de sa vie privée. Son histoire d’amour avec Naoko, par exemple, est inspirée d’un roman de Tatsuo Hori portant le même nom que le film, et racontant l’histoire d’une jeune fille souffrant de la tuberculose.

Le tout est entrecoupé de scènes oniriques et colorées, véritables bouffées d’air frais du film, nous aidant à mieux comprendre les rêves et aspirations de Jiro.

Alors oui, ce film semble au premier abord être une sorte d’Ovni dans la filmographie de Miyazaki. Et pourtant, chaque plan, chaque idée porte la patte de ce maître de l’animation japonaise.

On retrouve des scènes de vol dignes de Kiki ou Porco Rosso, des personnages au physique étrange, comme l’allemand Castorp, et de nombreux moments de pure poésie. Le réalisateur profite également de la période historique dépeinte pour critiquer la guerre de manière subtile, au détour de quelques phrases bien trouvées.

Et surtout, le réalisateur semble se livrer comme jamais il ne l’a fait dans ses autres films. Celui-ci prend en effet un tout autre sens lorsque l’on connait sa passion pour l’aviation, ou le fait que son père ait été directeur d’une entreprise aéronautique et que sa mère ait eu à souffrir de la tuberculose…

Quant à la technique, que dire, si ce n’est que le Studio Ghibli fait toujours aussi fort, avec une animation irréprochable, toujours portée par la belle musique de Joe Hisaishi.

Résolument plus sombre, plus adulte que ses autres œuvres, Le vent se lève est un film qui fera sans doute moins l’unanimité après du public que Princesse Mononoke, Chihiro ou Ponyo. Pour autant, il serait dommage de passer à côté de ce long-métrage débordant de qualités, qui saura tout de même ravir et émouvoir une grande partie des amateurs du réalisateur.

Rédacteur : Mathieu Carré

Le Vent se lève

Un film de Hayao Miyazaki

Sorti dans les salles françaises depuis le 22 janvier 2014