C’est la première fois sous son vrai nom que Lupin III (et non plus Edgar de la Cambriole) débarque en France dans une nouvelle série animée se déroulant en Italie.
Personnage culte au Japon, Lupin III a par contre toujours eu un peu plus de mal à se faire connaître dans notre pays, à la fois malgré et à cause de sa filiation avec son célèbre ancêtre Arsène…
Créé par le mangaka Monkey Punch dans les années 60, ce petit-fils du célèbre cambrioleur français de fiction a par la suite connu de nombreuses adaptations animées, que ce soit à la télévision (4 séries et plusieurs téléfilms) ou sur grand écran (dont le célèbre Château de Cagliostro, réalisé par Hayao Miyazaki, déjà aux commandes de la première série animée).
Arsène et Cie, une coproduction franco-japonaise mettant en scène un descendant du personnage a même failli voir le jour dans les années 80 sous la houlette de Jean Chalopin (Les Mystérieuses Cités d’or, Ulysse 31, Inspecteur Gadget) avant de tomber à l’eau.
Malheureusement, même si une partie de ces adaptations ont été éditées en France, le nom de Lupin III reste très méconnu chez nous, et ce pour une simple raison : jusqu’ici aucune n’a eu le droit d’arborer le patronyme de Lupin.
Il faut dire que la décision de Monkey Punch de créer sans leur aval un petit-fils à Arsène Lupin a été assez mal vue par les descendants de Maurice Leblanc. Et ceux-ci ont non seulement opposé leur véto à la création d’Arsène et Cie, mais surtout ont interdit les autres versions animées d’arborer toute référence au célèbre gentleman cambrioleur en dehors du Japon.
Lupin III s’est donc vu apposé toute sorte de patronymes au fil des traductions : Wolf, Cliff Hanger, Rupan, ou le plus connu Edgar de la Cambriole.
Heureusement, l’œuvre de Maurice Leblanc étant tombée depuis 2012 dans le domaine public, c’est désormais sous son véritable patronyme que notre cher Lupin III débarque chez nous sous la forme d’une toute nouvelle série animée diffusée au Japon depuis octobre 2015.
Se déroulant en Italie et à Saint-Marin, on y retrouve notre espiègle cambrioleur accompagné du tireur Jigen Daisuke, du samouraï Goemon, et de la voleuse Mine Fujiko. Toujours poursuivi par le tenace inspecteur d’Interpol Zenigata, notre héros aura cette fois affaire non seulement au MI6, mais aussi à l’espiègle Rebecca Rossellini, devenue récemment… son épouse !
Arborant désormais une magnifique veste bleue (après avoir porté du vert, du rouge, et enfin du rose dans les séries précédentes), notre héros reste fidèle à lui-même au fil des épisodes : espiègle, charmeur, voir un peu coquin, il parvient toujours à réussir ses larcins grâce à son agilité surhumaine et son talent pour les déguisements et autres stratagèmes.
Même constat pour les autres personnages, auxquels s’ajoutent quelques nouveaux dont la présence vient un peu renouveler l’univers de Lupin III. Hormis Rebecca Rossellini, dont le personnage de femme forte et indépendante n’a rien à envier à Fujiko, on retiendra surtout l’agent Nyx du MI6 qui vient constituer un antagoniste beaucoup plus menaçant que Zenigata.
Les histoires des différents épisodes sont elles aussi très réussies. S’inspirant de l’ambiance des anciennes séries de Lupin, mais avec des éléments plus contemporains, elles se focalisent même parfois sur un autre personnage que Lupin, et parviennent à garder dans leur tonalité un bon équilibre entre humour, mystère, action et émotion. Indépendantes les unes des autres, elles conservent néanmoins un fil rouge, à travers l’évocation de temps à autres d’un mystérieux « rêve italien » qui semble susciter toutes les convoitises…
Mais surtout, c’est dans son ambiance que cette nouvelle version de Lupin III achève de conquérir le spectateur.
Disposant de graphismes à l’aspect crayonné qui rappelle celui des dessins animés plus anciens, mais en arborant les couleurs très vives des séries récentes, son design à la fois rétro et moderne est un plaisir pour les yeux. Le choix de faire se dérouler l’action en Italie est d’ailleurs l’occasion pour les créateurs de la série de nous proposer de magnifiques paysages dessinés avec soin, qu’ils soient baignés par le soleil ou éclairés par la lumière de la lune.
Le tout est porté par la partition musicale très jazzy de Yuji Ohno, qui n’est pas un nouveau venu puisqu’on le retrouvait déjà aux musiques de la saga dès la deuxième série. Ce dernier se permet même quelques références musicales aux adaptations précédentes, puisque l’on retrouve par exemple le magnifique thème du Château de Cagliostro qui vient accompagner une séquence émouvante dans l’épisode 5.
Pour cette troisième série animée (quatrième si l’on compte le spin-off Une femme nommée Fujiko Mine), Lupin III réussit donc un tour de force : celui de moderniser l’univers du personnage tout en parvenant à conserver ce côté un peu rétro qui a toujours fait son charme.
Les amateurs du personnage seront ravis de retrouver leur héros en grande forme, et pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce Lupin III cuvée 2015 pourrait bien être l’occasion de les faire succomber à l’univers de ce personnage culte.
Dans tous les cas, on ne peut que saluer l’initiative de Wakanim de proposer cette série en France, en espérant que cela permette de relancer l’intérêt du public français autour du personnage de Lupin III, et ainsi pousser d’autres éditeurs à sortir chez nous ses adaptations animées encore inédites, voire le manga d’origine.
Rédacteur : Mathieu Carré
Lupin the Third – L’aventure italienne
Série en 24 épisodes
Disponible en visionnage sur le site de Wakanim
